MOYD au Prieuré St Cosme

Moyd est le ramassis d’une langue entendue ici et là, au gré d’une marche souvent immobile. Les accents et les répétitions y sont comme dans toutes langues vivantes, mais celle-ci n’a aucune racine d’une historicité plongée dans un territoire, sinon l’imaginaire. Souvent on se surprend à griffonner entre deux gestes de création, et Moyd est né de cette inter-action, s’épaississant comme un livre de consonance. Et puisque la question du récit m’est souvent posé, je décidais très tôt d’y coudre un fil de coton rouge, comme le fil narratif dans la lézarde. Non content d’inscrire de belles lettres, ce nouveau volumen devait révéler sa sonorité. J’ai donc intégré la totalité du texte dans ce « cher » Google Traduction, car la possibilité de lire Moyd semblait impossible, tant les apprentissages culturels font barrage à une lecture spontanée. De plus, la voix synthétique imitant une femme slave, garantit un peu plus encore l’absurdité d’une langue réelle disparaissant tous les quinze jours, remplacée par cette autre langue fabriquée de toutes pièces, traduite par un robot. Pour terminer le cycle Moyd, je m’occupe actuellement de le traduire en français, toujours par le truchement de Google Traduction. Une langue n’ayant aucune réalité à communiquer, et restituant des enfilades algorithmiques. Mon rôle tient par un lien certain à pouvoir lire une matière poétique, car l’enjeu reste celui-là. Défendre cet espace-là.

FD

Photos Rémi Angéli©

 

Extrait sonore de MOYD

MOYD à la Galerie Marcel Duchamp

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MOYD

Le Ritmea Pulvis Praxis est le plus petit organisme vivant de l’ordre nominal. Son statut unique d’ignorance de toute autre espèce le rend impossible à voir, sinon d’entendre son existence par un système extrêmement élaboré de pression sonore. La transcription est faite à ce jour par l’unique manuscrit de son langage intitulé Moyd. Effectivement, on lui impute toute la dimension rythmique des paysages, et cette traduction est une langue, un système de césures, des goulets et des passages, des ravines et des étranglements, qui rendent les interstices de silence nécessaires à toute musique. Sa discrétion impose des dispositions techniques d’une ampleur sans égale quant à l’imagination. Même si le sens n’a pas encore été élucidé, la complexité du propos donne à penser qu’il s’agit là d’un rapport tridimensionnel au langage. La profondeur de champ des mots du Ritmea Pulvis Praxis est présentée ici dans sa forme originelle, dans son rendu rédactionnel et sismique. Le lien subsistant tout au long du « récit » n’est qu’un bourdon, une sorte d’écoulement tonal perçu en rouge, aux variations géologiques à consonance unique. Il est à penser que les longues phases migratoires du Ritmea Pulvis Praxis, porté par le vent, aient essaimé dans plusieurs contrées. Il semblerait que des milliards d’autres propositions puissent être envisagées sur des tonalités différentes, et que ce chemin de transhumance soit la véritable ligne centrale des codes d’écriture.